L’activité s’est déroulée en présence du Président de la République, Félix Tshisekedi qui a exhorté les journalistes congolais à faire preuve de responsabilité et de conscience professionnelle.
Citation :
“ Excellence M. Le Président, vous n’êtes pas seul dans cette lutte de la salubrité médiatique; M. Le Président Vous avez fait pour la liberté d’expression dans ce pays, sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, aucun journaliste n’a été arrêté ou torturé à cause de vos opinions; aucune redaction n’a été saccagé, aucune chaîne n’a été fermé aux ordres des services comme c’est fut dans le temps; nous vous remercions sincèrement et nous vous encourageons”, a déclaré Christian Bosembe, Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSAC) organe régulateur des médias en RDC.
#RDC: « Sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, aucun journaliste n’a été arrêté ou torturé à cause de ses opinions. Aucune rédaction n’a été saccagée ou fermée comme ce fut le cas dans le passé », dit le président du CSAC @CBosembe devant Félix Tshisekedi pic.twitter.com/awy8L7BJCb
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) May 5, 2025
Le CSAC a été créé en 2011 pour remplacer la Haute autorité des médias (HAM) instituée en 2002 par les participants au dialogue inter congolais de Sun City. Toutes les parties prenantes à ces négociations politiques étaient représentées dans chaque institution prévue dans la Constitution, en vertu du principe de la « répartition juste des différentes responsabilités d’État entre les composantes et entités du dialogue inter congolais », consacré lors de la transition de 2003-2006.
Pendant ce rendez-vous sacré, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a émis une mise en garde contre les risques de la désinformation, qu’il a qualifiée de « redoutable arme » dans un pays en proie à une guerre d’agression. Il a encouragé les journalistes congolais à combattre la manipulation de l’information en menant des enquêtes, en rétablissant les faits et en éduquant les citoyens sur l’importance de leur histoire et de leur souveraineté.
« La liberté d’informer est sacrée, mais elle exige plus que jamais rigueur éthique et loyauté envers la vérité et l’intérêt supérieur de notre peuple. Mesdames et messieurs, dans un pays en proie à une guerre d’agression, la désinformation devient alors une arme redoutable. Face à cela, que peut faire le journaliste congolais ? Il peut résister, il peut enquêter, il peut rétablir la vérité, il peut rappeler aux Congolais que la dignité d’un peuple commence par la maîtrise de son histoire, par la souveraineté de sa parole et par la défense de ses intérêts vitaux », a déclaré le président.
Le travail d’un journaliste consiste t-il à diffuser l’information ou des opinions ?
Il ne fait aucun doute que des journalistes congolais ont été arrêtés et menacés ces dernières années. Notre article de vérification des faits est essentiellement axé sur cet extrait « (…) sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, aucun journaliste n’a été arrêté ou torturé à cause de ses opinions ; aucune rédaction n’a été saccagée (…)
Les faits :
Selon l’ONG Journaliste en danger, en novembre 2023 plus de de 500 atteintes contre la presse dont 5 journalistes tués durant le premier mandat du Président Félix Tshisekedi. Élu en décembre 2018, Félix Tshisekedi a entamé son deuxième mandat en janvier 2024 après sa victoire à la présidentielle de décembre 2023.
Sur la page du réseau social Facebook de l’ONG, on peut notamment lire ceci :
“ Le Rapport-bilan de la liberté de la presse sous Félix Tshisekedi met également en exergue les cas des journalistes tués ou portés disparus, particulièrement dans les provinces de l’Est de la RDC en proie à la violence des groupes rebelles. Au moins 3 journalistes ont été tués au cours de l’année 2021, et un journaliste porté disparu depuis décembre 2020, après avoir été enlevés par des miliciens.
Il s’agit de :
- Héritier Magayane, journaliste de la RTNC, station locale de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, qui a été tué, le 8 août 2021, à l’arme blanche par un groupe d’hommes non autrement identifiés.
- Barthelemy Kubanabandu Changamuka, journaliste de la Radio communautaire de Kitshanga (CORAKI FM) émettant à Kitshanga, une localité de la province du Nord-Kivu, assassiné, le 9 mai 2021, dans l’enclos de son domicile par deux hommes armés en tenue civile.
- Joël Mumbere Musavuli, directeur de la Radio Communautaire Babombi, émettant à Biakato, chefferie de Babombi, territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri, ainsi que son épouse qui a été attaquée à l’arme blanche, le 14 août 2021, par un groupe d’hommes non autrement identifiés. Le journaliste a succombé de ses blessures tandis que sa femme était grièvement blessée.
- Bwira Bwalite, directeur de la radio communautaire de Bakumbole, station émettant à Kalembe dans le territoire de Wilikale (Nord-Kivu, a été enlevé par des miliciens, le 16 juin 2020, et son corps n’a jamais été retrouvé.”
Quelques exemples concrets de l’année 2024
- Septembre 2024 – Edmond Bahati, la quarantaine révolue, a été assassiné dans la soirée du 27 Septembre 2024, alors qu’il retournait à son domicile, dans le quartier Ndosho, en commune de Karisimbi. Il a été tué de plusieurs balles quand il empruntait la route qui mène à son domicile, sur l’avenue Lusuli. Des témoins ont rapporté que ces hommes en armes ont dépouillé Edmond en apportant ses téléphones et autres biens de valeur avant de lui cribler des balles à la poitrine. Ces hommes se sont échappés en utilisant une moto après leur acte, a rapporté l’ONG Journaliste en danger.
- Mai 2024 – JED avait rappelé que la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC), du 29 mars 2024, interdisant aux médias et aux journalistes de traiter et de diffuser toute information sur les forces rebelles sans s’en référer aux sources officielles a été prise en violation des textes du CSAC et dévoile la partialité de cet Organe de de régulation dont une des missions essentielles est de protéger la liberté de presse. Pour JED, la multiplication des actes et déclarations de criminalisation des journalistes et de remise en cause de la liberté d’expression enregistrés depuis le début du nouveau mandat de Tshisekedi, traduisent une volonté politique de rétrécissement des espaces de liberté d’expression pour les médias libres et indépendants, alors que s’annonce un bras de fer entre le Pouvoir de Kinshasa et l’Église catholique qui dénonce des atteintes à la liberté d’expression, à la suite d’une action judiciaire en cours contre l’Archevêque de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo, accusé par la justice congolaise de » faire l’apologie de la rébellion; d’incitation des populations à la révolte contre les Institutions établies lors de ses points de presse et interviews dans les médias.
- Mars 2024 – JED s’était insurgé contre les accusations sans preuves du Ministère Public qui a requis 20 ans de prison contre le journaliste Stanis Bujakera. Arrêté depuis le 08 septembre 2023, Stanis Bujakera, journaliste Jeune Afrique, Reuters et actualité totalisait alors 6 mois de détention à la prison centrale de Kinshasa, communément appelée « Prison de Makala ».
- Fevrier 2024 – JED rapportait et condamné le fait qu’en province de l’Équateur, le gouverneur de province avait été accusé d’agression physique sur la Directrice de la Radiotélévision Nationale (RTNC).
Balobaki Check a parcouru une note d’information de l’Institut congolais de recherche Ebuteli intitulée : “ CSAC, régulateur ou partisan” ? En lisant ce texte qui a été publié en 2024, le contenu du document considère que le vote ayant mené l’actuel bureau à la tête de cette organisation était controversé » À l’approche des élections de 2023, le pouvoir de Félix Tshisekedi a accéléré le processus de mise en place des nouveaux animateurs du CSAC. Fidèle à sa logique de contrôle des institutions impliquées dans le processus électoral, le pouvoir s’est assuré d’avoir sous sa coupe le bureau du CSAC. Le bureau provisoire mis en place a appelé au vote du bureau définitif lors d’une séance dont l’ordre du jour initial ne comportait pas l’élection du bureau”, peut-on lire.
Quelques exemples concrets de l’année 2025
- Mars 2025 : Dieu-Merci Betima, journaliste, a été libéré après 24 heures de détention au cachot du Parquet de grande instance d’Isiro. Il n’a pas été inculpé. Le journaliste a été arrêté par des agents du Parquet et de la Police locale. On lui reprochait un article sur Jonas Bakyabotane, soupçonné de détournement de fonds publics. Le journaliste a été arrêté pour être interrogé.
- Février 2025 – Ally Clovis Kaseba, directeur des programmes à la station communautaire de Radio Nsenda Muana (RSM) située dans la ville ferroviaire de Mwene-Ditu, en province de Lomami, a été interpellé mardi 04 février au bureau du commissaire urbain de la Police nationale congolaise (PNC) Mwene-Ditu, alors qu’il voulait répondre à une convocation. Il est accusé d’avoir commis un délit de presse, principalement des imputations dommageables à l’endroit du maire Gérard Tshibanda. Ces accusations sont consécutives à la diffusion au cours du mois de janvier dernier sur les antennes de RSM d’une série d’émissions incriminant le maire sur plusieurs sujets d’actualités de la ville.
Selon le classement mondial de la liberté de la presse 2025 établi par Reporters sans frontières, la République démocratique du Congo (RDC) a perdu dix places, passant de la 123e à la 133e place sur 180 pays. Cette régression est principalement due à la détérioration de la sécurité dans l’est du pays, mais aussi à des facteurs économiques et structurels qui entravent durablement l’indépendance des médias.

Capture d’écran prise par Balobaki Check le 05/05/2025
RSF constate que « le pluralisme des médias est réel dans le pays ». Toutefois, il est grandement affecté dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où le conflit qui oppose les FARDC aux rebelles du M23 sévit. Selon l’organisation, plusieurs stations radiophoniques ont été obligées de fermer, certains journalistes se sont vus contraints de fuir leur domicile, tandis que beaucoup d’emplois liés aux médias locaux ont disparu.
En conclusion, l’affirmation selon laquelle “ (…) sous votre mandat, aucun journaliste n’a été tué, aucun journaliste n’a été arrêté ou torturé à cause de ses opinions; aucune rédaction n’a été saccagé, (…) est fausse.
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Balobaki Check est une structure non partisane qui veut promouvoir l’exactitude de l’information dans le débat public en République démocratique du Congo afin de renforcer notre démocratie à travers des formations de journalistes, l’éducation aux médias et des contenus de qualité pour lutter contre les messages de haine et les fausses informations (Fakenews) au sein des communautés
Cet article de vérification des faits est rédigé par l’équipe de Balobaki check en période de conflit armé dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Nos sources – vous aussi vous pouvez vérifier
- Le classement mondial de la liberté de la presse 2025
- Etude Ebuteli, “ CSAC, régulateur ou partisan
- Rapports de JED, 2023 – 2024 publiés sur ses comptes Facebook et Twitter (1,2,3,4,5)
- Lien d’un article du journal français Le Monde sur l’arrestation du journaliste Stanis Bujakera
- Lien menant vers le compte Twitter du CSAC
- Article de presse des deux médias locaux qui reviennent sur les arrestations de deux journalistes (1,2)
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