L’arnaque en ligne : zoom sur un système mêlant naïveté et désinformation

En 2 lignes

Écrit par : Dhino Kazadi; Relecture : Kerene Yala; Editing : Ange K. Adihe

09/22/2025

En bref

Une offre d’emploi trop belle pour être vraie, un gain inattendu à un jeu auquel vous n’avez jamais participé, ou encore une personnalité publique qui vous supplie de l’aider en échange d’une généreuse récompense. Sur internet, les scénarios sont si bien ficelés qu’ils semblent parfois promettre une vie transformée sans le moindre effort. Ce genre de tromperie sont souvent en ligne. Dans cet article, nous examinerons les mécanismes qui l’alimentent : manque d'accès à la bonne information et la désinformation. Quels en sont les impacts et comment pouvez-vous vous y préparer ?

« J’aurai bientôt un nouveau boulot. Une candidature que je n’ai pas soumise a été approuvée. Esengo to esengo te? Et vous avez vu le salaire! », écrit Gratien Kitambala avec une pointe d’ironie sur le réseau social Facebook, le 10 août dernier.

Gratien est un citoyen congolais qui possède un téléphone multifonction qu’il dit utiliser avec rationalisation. Il a déjà été à plusieurs reprises la cible de l’escroquerie en ligne.

Selon lui, « la plupart de ces messages sont trop beaux pour être vrais : on vous offre de l’argent, un emploi ou une opportunité d’affaires (comme la vente de graines) sur un plateau d’argent. Tout ce qui est gratuit peut éveiller les soupçons ».

Les offres d’emploi imaginaires 

Les arnaques en ligne les plus courantes sont celles qui annoncent l’accès facile à un emploi. L’UNICEF est l’organisation la plus souvent mentionnée. Le message peut contenir un lien qui peut entraîner des conséquences négatives, comme le piratage d’un compte.

Gratien conseille de faire preuve de bon sens et de prudence pour éviter les pièges. Il suggère de vérifier les offres avant de les accepter et de se méfier des promesses de gains faciles ou gratuits.

Cadeaux et dons inattendus en ligne 

Une autre méthode couramment utilisée dans ce type d’escroquerie consiste à faire miroiter aux utilisateurs de services de messagerie électronique. Ces services seraient susceptibles de recevoir, sans qu’ils ne les aient jamais sollicités. Là encore, cliquer sur un lien accompagnant le message peut être risqué.

Pour crédibiliser cette machination, les escrocs citent souvent le nom de grandes organisations, comme le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (l’UNICEF).

Juglave Mboemba, ayant reçu un tel message, partage son expérience : « Le message m’a été envoyé via le compte d’une amie. Je ne savais pas que son compte avait été piraté et en cliquant sur le lien du message, j’ai compris que c’était un piège, et mon compte a été piraté. C’est comme ça qu’ils opèrent ».

Cet incident n’est pas un cas isolé, plusieurs comptes sur le réseau social WhatsApp ont été piratés par ce même procédé. 

Moins populaire aujourd’hui, cette méthode a longtemps été utilisée par des personnes malveillantes pour escroquer en ligne. Elle consiste à se faire passer pour une célébrité (footballeur, artiste, épouse de politicien) et à demander de l’argent urgent en promettant un remboursement au centuple et des cadeaux. Surprenant, mais malheureusement vrai : les personnes en manque d’information ont été trompées et ont envoyé de l’argent sans jamais rien recevoir en retour.

L’UNICEF a mis en garde pour l’arnaque 

Le fonds des nations Unies pour l’enfance, l’UNICEF est souvent cité dans plusieurs messages que les utilisateurs reçoivent. Compte tenu de sa mission et de son implication sur le terrain en Afrique, l’UNICEF est souvent utilisé par les arnaqueurs pour crédibiliser leurs opérations. Ceux-ci promettent notamment une aide financière, une subvention ou même un emploi attrayant.

Conscient de ces agissements, le bureau de l’UNICEF en RDC a publié le 27 juillet 2025 un message sur le réseau social Facebook pour mettre en garde contre cette pratique : « Attention arnaques. Des messages frauduleux circulent au nom de l’UNICEF, promettant de l’argent, des bourses ou des emplois. Ils ne proviennent pas de l’UNICEF. Ne cliquez pas sur les liens. Ne payez rien. Ne divulguez aucune information personnelle. Merci de rester vigilant et de partager ce message ! », a-t-elle averti. Voir cette publication sur Instagram

Avez-vous remarqué une information qui semble douteuse sur les réseaux sociaux ?

Si votre réponse est affirmative, sachez qu’il est possible de le signaler à Balobaki Check en nous envoyant un mail : balobakicheck @gmail.com

Balobaki Check est une structure non partisane qui veut promouvoir l’exactitude de l’information dans le débat public en République démocratique du Congo afin de renforcer notre démocratie à travers des formations de journalistes, l’éducation aux médias et des contenus de qualité pour lutter contre les messages de haine et les fausses informations (Fakenews) au sein des communautés

Piratage sur WhatsApp : un mode opératoire en vogue 

La méthode la plus courante pour pirater un compte WhatsApp ne nécessite pas de compétences techniques hors du commun, mais repose sur l’ingénierie sociale et la manipulation psychologique. Peter Otshudi, spécialiste en technologies de l’information, explique le mécanisme et formule des recommandations pour mieux se protéger. 

La fuite vers un nouvel appareil

Selon l’expert, le piratage exploite une fonctionnalité simple de WhatsApp : le transfert vers un nouvel appareil. « Comme ils n’ont pas d’accès physique au téléphone, leur technique consiste à vous appeler dès qu’ils initient la procédure ». L’arnaqueur déclenche la procédure de récupération en saisissant votre numéro. WhatsApp envoie alors un code de vérification par SMS sur votre téléphone.

C’est là que l’arnaque opère :

« Ils vous appellent, souvent en se faisant passer pour votre opérateur ou une connaissance, et inventent un prétexte pour que vous leur dictiez le code à six chiffres que vous venez de recevoir ». Dès la validation de ce code, votre compte WhatsApp est immédiatement transféré sur l’appareil du pirate. Vous êtes déconnecté et perdez l’accès à votre compte.

Faux, le paiement d’électricité ne s’effectue pas en ligne dans la province du sud-Kivu, dans l’est de la RDC 

Comme conséquence, une fois qu’il prend le contrôle de votre compte, le pirate a accès à toutes vos conversations et, surtout, à vos groupes. « Les groupes WhatsApp sont souvent utilisés pour trouver les numéros de vos contacts », précise l’expert. Cette intrusion ne vise pas seulement vos données; elle sert de canal pour pirater vos proches. En se faisant passer pour vous, le criminel peut contacter vos collaborateurs ou votre famille pour répéter la même manipulation, gagnant ainsi leur confiance plus facilement.

Autres techniques de piratage : les malwares et le phishing

Outre cette méthode, l’expert mentionne l’existence de logiciels malveillants (malwares) capables d’intercepter les codes de vérification copiés dans le presse-papier de votre téléphone pour les envoyer au pirate. Des liens de phishing, cliqués par inadvertance, peuvent également initier ce processus en arrière-plan.

Très répandues actuellement, les arnaques en ligne via messagerie électronique utilisent le plus souvent une technique appelée hameçonnage ou phishing. Celle-ci consiste à se faire passer pour une entité ou une organisation de confiance qui, par générosité, prétend vouloir vous venir en aide. Mais, derrière ces offres alléchantes se cache une intention malveillante : les liens proposés, censés vous permettre de recevoir votre récompense, servent en réalité à collecter vos données personnelles et même éventuellement vous pirater. 

 

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Selon le baromètre de la cybersécurité en entreprise CESIN 2023,cité par les écoles Guardia Cybersecurity School, le Phishing demeure le principal mode d’attaque, signalé par 60% des entreprises comme vecteur d’entrée principal pour les attaques subies.

Vade Secure, un leader mondial de la détection et de la réponse aux menaces avait dénombré près de 19,2 millions de courriels malveillants au mois de juillet 2022, rapporte la plateforme le monde informatique . Selon le rapport, l’e-mail reste le vecteur le plus utilisé pour les attaques de phishing. 

Comment se protéger contre l’arnaque en ligne ?

Une des personnes concernées interrogée par Balobaki Check explique que la lecture de courriels et le clic sur des hyperliens font partie intégrante des différents milieux professionnels aujourd’hui. Elle souligne donc que s’éloigner de ces routines est extrêmement difficile.  Tout en comprenant ce point de vue lié à l’habitude, l’expert Peter Otshudi recommande pourtant plus d’efforts allant dans le sens d’éviter cette routine qui peut s’avérer dangereuse pour votre sécurité. 

Quelques mesures de sécurité pour les utilisateurs des smartphone 

La règle est pourtant simple, conseille Peter Otshudi : « ne communiquez jamais un code de vérification reçu par SMS, quel qu’en soit le prétexte ». Aucun opérateur légitime, banque ou service technique ne vous le demandera. WhatsApp lui-même ne le fera jamais. « Méfiez vous des appels ou messages urgents vous pressant de divulguer ce code. En cas de doute, raccrochez et contactez la personne ou l’organisation concernée via un canal de communication officiel que vous connaissez », recommande-t-il.  

Les conséquences de ce type d’escroquerie peuvent être graves : piratage de comptes, vol de données sensibles et, dans certains cas, chantage numérique. Il est donc essentiel de respecter les mesures de sécurité suivantes pour ne pas tomber dans ce genre de pièges :

Ne pas cliquez sur un lien dont vous doutez de son authenticité  Ne pas ouvrir un fichier envoyé par un expéditeur inconnu

Ne pas transférer un document reçu ( code ou autre fichier) dont vous ne connaissez pas l’objet 

Utilisez des outils de vérification des liens et fichiers comme Url Void, Virus Total, Fortiguard avant de cliquer sur un lien d’ouvrir un fichier 

Toujours activé le système de double authentification.

 

Nos liens – vous aussi, vous pouvez vérifier les informations comme nous ! 

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