Dans son intervention (à 02 heures 13 minutes dans cette vidéo), Donald Trump demande explicitement aux femmes d’éviter le paracétamol (ou acétaminophène aux États-Unis), qui est l’un des antidouleurs les plus utilisés au monde, pendant la grossesse. « N’en prenez pas, sauf en cas de très forte fièvre », a-t-il exhorté. « Selon une rumeur et j’ignore si c’est le cas, ils n’ont pas de paracétamol à Cuba car ils n’ont pas de quoi s’offrir de paracétamol. Et ils n’ont quasiment pas d’autisme ! », a-t-il ajouté.

Capture d’écran prise par Balobaki Check le 25 septembre à 19h05
Les faits
Face à la gravité des affirmations, nous avons effectué quelques recherches pour savoir ce qu’il en était vraiment sur la question. L’autisme qu’est-ce ? Notre première recherche effectuée sur le moteur de recherche Google, a porté sur le mot clé de notre investigation “ l’autisme ”. Et selon l’Institut Pasteur, l’autisme fait partie des troubles du neurodéveloppement (TND). Il se manifeste dès la petite enfance (avant l’âge de 36 mois) et a des conséquences à différents niveaux et degrés sur les sphères développementales de l’enfant. Les conséquences ont le plus souvent des répercussions au niveau de l’autonomie, des interactions et de la participation sociale de la personne autiste.
Paracétamol et grossesse : existe-t-il un risque ?
En faisant une nouvelle recherche sur Google avec les mots clés ‘’paracétamol, grossesse, autisme’’ pour savoir s’il y avait des liens directs entre la prise du paracétamol par la femme enceinte et l’autisme chez l’enfant, nous sommes tombés sur des données qui n’établissaient aucun lien. En parcourant un article en ligne du magazine scientifique « Science et Vie », nous avons été redirigés vers cette étude suédoise parue en 2024 dans la revue JAMA, qui a porté sur près de 2,5 millions d’enfants.
Selon l’étude « l’usage du paracétamol pendant la grossesse n’est pas associé avec un risque d’autisme, de trouble de l’attention ou de déficience intellectuelle chez les enfants ». « lorsqu’on compare les enfants d’une même fratrie, dont certains ont été exposés au paracétamol in utero et d’autres non, aucune différence n’est observée », renseigne l’étude.
Interrogé par Balobaki Check, le 25 septembre 2025 à 20h30, le docteur Serge Kazadi, médecin généraliste, explique que « la fièvre pendant la grossesse peut être dangereuse, entraînant convulsions et même fausses couches. Dans ce genre de cas, le paracétamol reste l’antipyrétique de choix, car il est sans danger pour la mère comme pour le fœtus. »
Un point sur le paracétamol à Cuba
Officiellement, aucune information ne nous permet d’affirmer que le paracétamol n’est pas pris à Cuba. Toutefois, il ressort que la crise que traverse cette île depuis plusieurs années, rend difficile l’accès aux médicaments essentiels pour les citoyens lambdas.
En juillet dernier, le ministre de la Santé publique, José Ángel Portal Miranda, a reconnu devant l’Assemblée nationale que le pays ne dispose que de 30 % du stock de médicaments essentiels, ce qui signifie que sept médicaments sur dix manquent dans les pharmacies.
Ce que dit l’OMS
Dans un communiqué, l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS) rappelle : « Il n’existe actuellement aucune donnée scientifique solide confirmant un lien possible entre l’autisme et la prise de paracétamol pendant la grossesse. »
L’OMS explique qu’à l’échelle mondiale, près de 62 millions de personnes (1 sur 127) sont atteintes de troubles du spectre autistique, qui regroupe diverses affections liées au développement du cerveau. Des recherches approfondies ont été entreprises au cours de la dernière décennie, y compris des études à grande échelle, sur les liens entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et l’autisme. À l’heure actuelle, aucun lien significatif n’a été établi.
L’OMS recommande aux femmes enceintes de continuer à suivre les conseils de leur médecin ou de leur agent de santé. Tout médicament doit être pris avec prudence, en particulier durant le premier trimestre, et uniquement sur avis médical.
Le risque avec ce genre d’affirmations
De telles déclarations non fondées alimentent la désinformation médicale. Elles peuvent semer la peur chez les femmes enceintes, les pousser à éviter le traitement, avec des conséquences potentiellement graves pour leur santé et celle du fœtus. Elles entretiennent aussi la méfiance envers la science et favorisent la propagation de rumeurs, au détriment des recommandations médicales établies. D’où la nécessité de toujours tout vérifier avant de donner son point de vue, surtout lorsqu’on est un responsable politique avec autant d’influences.
En conclusion, les propos de Donald Trump sur un possible lien entre l’autisme chez l’enfant et la prise du paracétamol par la mère pendant la grossesse ne reposent sur aucune preuve vérifiable ni une étude sérieuse. L’OMS a démenti cette affirmation, rappelant qu’il n’existait à ce jour aucune étude sérieuse qui l’a confirmé.
Écrit par Dinho Kazadi, relecture : Moïse Esapa
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Nos sources-Vous aussi, vous pouvez vérifier comme nous :
- Lien vers la vidéo de la conférence de presse de Donald Trump
- Lien de l’Institut Pasteur sur l’autisme
- Lien vers le magazine Scientifique « Science et Vie »
- Lien vers la recherche
- Lien de la revue JAMA vers l’étude suédoise sur l’autisme et le paracétamol
- Lien vers la crise à Cuba et la confirmation du gouvernement
- Lien du communiqué de l’OMS
- Éclairage de docteur Serge Kazadi à Balobaki Check le 25 septembre 2025 à 20h30
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