Un compte Twitter diffuse une vidéo le 02 décembre dernier où on peut voir trois hommes blancs chassés du Palais du peuple à Kinshasa par des jeunes kinois visiblement en colère, venus à la rencontre du Président Félix Tshisekedi. D’après la légende de la vidéo, l’ambassadeur français en RDC serait parmi les hommes chassés devant le Parlement congolais lors de la rencontre entre le chef de l’État congolais et la jeunesse kinoise. Attention : il n’y a aucune ressemblance entre le principal homme chassé dans la vidéo et l’ambassadeur français en RDC.

Cette vidéo a accumulé plus de 21 700 vues et 303 partages en date du 5 décembre 2022. Elle est devenue virale sur Twitter en seulement deux jours (1, 2, 3, 4 et 5).

Citation :«Encore une fois de plus, la France vient d’être humiliée sur le sol africain. L’ambassadeur français 🇨🇵 chasser a l’Assemblée nationale de la RDC le palais du peuple à Kinshasa hier en voulant participer à la rencontre de Félix Tshisekedi avec les jeunes congolais».

Les faits : en observant la vidéo, nous avons constaté que l’homme chassé ne ressemble nullement à l’ambassadeur français en RDC. Bien qu’il y a eu effectivement trois hommes blancs renvoyés du Palais du peuple à Kinshasa lors de la rencontre entre Félix Tshisekedi et les jeunes congolais.

Nous pouvons voir trois hommes blancs dans cette vidéo d’une minute et 35 secondes. Le premier a une taille moyenne et porte une chemise blanche, un pantalon noir avec sa veste de couleur noir en main, ayant des cheveux noirs un peu longs et est acheminé par plusieurs jeunes kinois vers la grande porte. C’est la personne dont plusieurs internautes assimilent à l’ambassadeur français en RDC, Bruno Aubert.

Le deuxième se trouve juste à côté du premier homme blanc assimilé à l’ambassadeur français en RDC. Il est petit de taille, un peu gros, habillé en veste de couleur grise, un pantalon noir et se précipite lui-même vers la sortie de l’enclos du Palais du peuple, avant même la personne qui l’accompagnait, sous escorte de la police nationale congolaise (PNC).

Le dernier, par contre, se trouvait dans un endroit différent de celui de deux autres hommes blancs. Nous pouvons voir qu’il est habillé en polo de couleur grise, un pantalon jean noir et un basket de couleur grise.

Nous écoutons également dans la vidéo des cris des ces jeunes kinois, qui demandent à ces hommes blancs de quitter le lieu, avec un ton colérique.

Pourtant, il n’y a aucune ressemblance morphologique entre le principal homme blanc chassé du siège de l’Assemblée nationale à Kinshasa dans la vidéo et l’ambassadeur de France en République démocratique du Congo Bruno Aubert.

Voici la photo montrant l’ambassadeur de la France en République démocratique du Congo.

D’après la cellule de presse de l’ambassade de France à Kinshasa, citée par l’AFP, « il ne s’agit en aucun cas de notre ambassadeur, ni même d’un diplomate français ou de quelqu’un de l’ambassade». Elle a aussi ajouté que «ce n’est pas non plus un membre de la communauté française» expatriée en RDC.

Anne-Sophie Avé, ambassadrice pour la Diplomatie publique française en Afrique, a réagi le 5 décembre sur son compte Twitter officiel en déclarant que «le monsieur sur la vidéo n’est pas notre ambassadeur en RDC», a fait savoir le même média.

L’Agence France Presse affirme aussi (AFP) avoir identifié sur les réseaux sociaux un homme dont les photos ressemblent étroitement aux images virales devant le siège du Parlement congolais. Il s’agit de l’attaché commercial de l’ambassade de Turquie en RDC Yusuf Biçer.

De nombreux expatriés membres de la communauté turque à Kinshasa ont confirmé sous anonymat à l’AFP l’identité du diplomate, qui est effectivement l’homme apparaissant dans la vidéo.

Cette séquence d’une minute et 35 secondes n’a donc aucun lien avec l’ambassadeur de France à Kinshasa.

Ces images ont été relayées dans un contexte où le gouvernement congolais tend la main, depuis un certain temps, à la communauté internationale. Il lui demande d’intervenir par rapport à la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, caractérisée par la résurgence des massacres perpétrés par des groupes armés mais aussi par l’occupation des quelques territoires du pays par l’armée rwandaise sous couvert des «terroristes» du M23.