RDC: aucun candidat à la présidentielle en RDC n’est étranger ( Analyse)

En 2 lignes

12/16/2023

En bref

Moïse Katumbi a suspendu l’étape de Kananga et Tshikapa, deux grandes villes du Kasaï après des incidents qui ont eu lieu lors de son meeting à Moanda, le 13 décembre. Pour Hervé Diakiese, porte-parole de Katumbi, c’est plus qu’un incident, « c’était prémédité, Katumbi était visé ».

 

Pourtant, tout aurait pu se jouer le 30 octobre lorsque la Cour constitutionnelle a tranché en confirmant la candidature de Moïse Katumbi à l’élection présidentielle prévue le 20 décembre prochain. Quelques jours plus tôt, une forte tension régnait dans les salons politiques autour de l’éventuelle annulation de Moïse Katumbi, comme candidat Président. Était-il Italien ou Zambien ? Ses détracteurs lui refusaient la nationalité congolaise alors qu’il a été pendant près de 8 ans, gouverneur de la riche province du Haut Katanga.

 

 

C’est qui l’étranger ?

 

est étranger l’individu qui n’a pas la nationalité de l’État sur le territoire duquel il se trouve, résume l’homme politique français et auteur des livres, François Julien-Laferrière dans son ouvrage, « L’Étranger, une catégorie juridique discriminante » en précisant que c’est l’État, dans l’exercice de sa souveraineté, qui définit qui sont ses nationaux et a contrario qui sont ses étrangers. Le national est défini par la législation de l’État, l’étranger ne l’est jamais, sauf par opposition.

 

En effet, la candidature de l’opposant avait été contestée par deux requêtes au préalable. La première a été jugée irrecevable, tandis que la seconde a été déclarée recevable, mais non fondée.

 

Et pourtant, la constitution de la RDC nous rappelle que « Nul ne peut être candidat à l’élection du Président de la République s’il ne remplit les conditions ci-après : 1. posséder la nationalité congolaise d’origine ; 2. être âgé de 30 ans au moins ; 3. jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques ; 4. ne pas se trouver dans un des cas d’exclusion prévus par la loi ».

 

Les discours contre Katumbi visent à montrer aux électeurs que ce qui est étranger est étrange, et puisque cela vient d’ailleurs, c’est forcément bizarre, parce que c’est différent. Dans l’étranger, l’on repousse l’autre.

 

Pour repousser la candidature de Katumbi,  le timing aurait pu être parfait pour ses détracteurs au niveau de la cour constitutionnel avec un scénario imaginé par les détracteurs de l’homme d’affaires congolais, Moïse Katumbi : déclarer sa candidature irrecevable, gérer les manifestations pendant quelques jours dans quelques coins du pays, créer de la méfiance sur le processus auprès des partenaires internationaux après le débat qu’il y a eu sur l’audit du fichier électoral, s’isoler à nouveau pendant quelques années alors que les acquis de Tshisekedi, c’est notamment l’ouverture de la RDC, « le pays est à nouveau fréquentable ». Les mathématiques de la politique congolaise ont-elles tout anticipé, car la météo sécuritaire annonçait : rouge, dès le départ !

 

Pourquoi donc revenir sur un dossier classé au risque de susciter des scènes de violence dans le pays ? Alors que Tshisekedi mène sa campagne à grands frais, Moïse Katumbi semble être aussi bien préparé financièrement que l’actuel Président de la RDC. Le problème se situe donc au niveau de la sensibilisation.

 

Les meetings de deux candidats rencontrent autant d’intérêts à la fois pour suivre le bilan de Tshisekedi que pour espérer Katumbi et détailler son programme, la moindre prise de parole suscite autant de débats sur les réseaux sociaux. Que reste-t-il donc à prendre comme action pour discréditer l’ancien gouverneur du Katanga ? La nationalité ? Même si c’est délicat et peut diviser les communautés et alimenter la haine et la méfiance vis-à-vis de l’autre.

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