Attention, les discours de haine à caractère tribale fragilise la cohésion nationale 

En 2 lignes

03/12/2025

En bref

Le 20 février 2025, une publication sur la plateforme Facebook en République démocratique du Congo (RDC) a partagé un message vocal accompagné d’une image de la mère du président de la République,Félix Tshisekedi. Le contenu du message attribué à Madame Marthe Kisalu comporte un ton tribal et défavorable à la communauté swahiliphone. L’authenticité de l’audio n’a pas été vérifiée par Balobaki Check ; un membre de la famille présidentielle a catégoriquement nié son existence. Toutefois, il est crucial de souligner que la haine tribale constitue une infraction selon la loi congolaise.

La publication affirme que Maman Marthe Kasalu, la mère de Tshilombo, a envoyé un message à ses frères et sœurs. Dans ce message vocal, on peut entendre ces propos : « Que les blancs viennent nous départager. Ne recule pas. Ne négocie pas, parce que les gens de Kivu ne sont pas nos frères. Et même les gens de Katanga ne le sont pas également. Pourquoi as-tu pitié d’eux ? Fais ce que je t’ai demandé. Donne des ordres qu’on bombarde toute cette partie. Dieu s’occupera du reste et même ceux qui viendront après. C’est ce que je t’ordonne. Nous sommes fatigués des swahiliphones, de leurs noms, leurs caractères et tout d’eux. Finissez-le, faut pas avoir pitié », peut-on écouter en suivant l’audio. 

Plus loin, en suivant l’audio, l’on peut écouter : « Tous les Kasaïens qui sont encore au Kivu, commencez à évacuer. Et même ceux qui sont à Lubumbashi rentrez chez nous, il n’y a aucun souci à se faire. Que Félix bombarde le Katanga et tout Kivu, qu’on recommence à zéro, nous sommes fatigués. S’il faut bombarder tout le Kivu avec les habitants et tous les objets, vas-y président Félix. Dieu est de notre côté ».

En RDC, la haine tribale constitue une infraction

Un tel discours de haine tribale attribué à la mère du chef de l’État Congolais en pleine période de guerre en République démocratique du Congo alimente des tensions entre les différents groupes ethniques et conduit à la violence.

Au niveau international, l’article 2 de la charte Africaine des droits de l’homme et des peuples dispose que « toute personne a le droit à la jouissance des droits et libertés reconnus et garantis dans la présente charte sans distinction aucune, notamment de race , d’ethnie, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ». 

 Ceci renvoie au principe de l’égalité de tous les êtres humains en dignité et en droit, sans qu’il n’y ait des individus supérieurs aux autres tel que déclaré dans l’article 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme ( DUDH). 

En RDC, la haine tribale est punie par l’ordonnance-loi n•66-342 du 7 juin 1966. “Quiconque, soit par paroles, gestes, écrits, images ou emblèmes, soit par tout autre moyen, aura manifesté de l’aversion ou de la haine raciale, ethnique, tribale ou régionale, ou aura commis un acte de nature à provoquer celle aversion ou cette haine puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une a de cinq cents à cent mille francs, ou d’une de ces peines seulement”, peut-on lire. 

Avez-vous remarqué une information qui semble douteuse sur les réseaux sociaux ?

Si votre réponse est affirmative, sachez qu’il est possible de le signaler à Balobaki Check en nous envoyant un mail : balobakicheck@gmail.com

Balobaki Check est une structure non partisane qui veut promouvoir l’exactitude de l’information dans le débat public en République démocratique du Congo afin de renforcer notre démocratie à travers des formations de journalistes, l’éducation aux médias et des contenus de qualité pour lutter contre les messages de haine et les fausses informations (Fakenews) au sein des communautés

Selon le cabinet d’avocat Shematsi-associates, contacté par Balobaki Check le 1er mars, « la loi est encore en application car il n’existe pas encore une loi qui a abrogé ces dispositions». 

De plus, l’article 51 de la constitution  encourage tous les groupes ethniques à promouvoir la coexistence pacifique. Il précise que « l’Etat a le devoir d’assurer et de promouvoir la coexistence pacifique et harmonieuse de tous les groupes ethniques du pays.

Il assure également la protection et la promotion des groupes vulnérables et de toutes les minorités. Il veille à leur épanouissement». 

L’article 66 de la même loi fondamentale ajoute que tout Congolais a le devoir de respecter et de traiter ses concitoyens sans discrimination aucune et d’entretenir avec eux des relations qui permettent de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer l’unité nationale, le respect et la tolérance réciproques. Il a en outre, le devoir de préserver et de renforcer la solidarité nationale singulièrement lorsque celle-ci est menacée».

L’église catholique a condamné les actes à caractère tribaliste

La radio Onusienne a relayé un communiqué des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Dans ce communiqué que  Balobaki Check a aussi consulté, l’église s’insurge et condamne la « chasse et la stigmatisation des Swahiliphones à Kinshasa » et ailleurs. Elle exprime leur inquiétude face à la résurgence de la violence fondée sur l’utilisation linguistique. L’église dit avoir peur que cela puisse embraser les conflits intercommunautaires en RDC.    

Ils recommandent au gouvernement congolais de prendre ses responsabilités pour assurer la protection de toutes les couches de la population et pour garantir la cohésion sociale et le bien-être commun de toutes les races et ethnies en RD Congo. « La CENCO est d’autant plus indignée de voir certains “pasteurs” ou “gourous” exploiter les tribunes de leurs églises et autres cadres de prédication pour tenir des discours qui incitent à la stigmatisation, à la haine et à la violence contre d’autres Congolais et Congolaises en raison de leur origine, de leur langue ou de leur morphologie », indique le communiqué.

En conclusion, tous les groupes ethniques doivent prendre conscience pour lutter contre les discours de haine tribale car ils menacent la paix sociale et la cohésion nationale. 

Cet article de vérification des faits est rédigé par l’équipe de Balobaki check en période de guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Pour assurer la sécurité de nos journalistes, les articles liés à la situation sécuritaire seront signés par la rédaction.

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