Il serait encore plus préoccupant que Meta cesse de collaborer avec des vérificateurs de faits externes dans les pays où l’accès à l’information est limité.
En mars 2020, une mère congolaise est arrêtée par les autorités après le décès de ses trois enfants consécutifs, victimes d’un traitement non scientifique visant à renforcer leur système immunitaire contre le nouveau corona virus. Elle avait opté pour une potion composée de trois plantes médicinales traditionnelles. Bien qu’elle ait agi dans un souci de protection, cette initiative a malheureusement entraîné des résultats tragiques. Cependant, le choix de s’informer sur le meilleur moyen d’anticiper le problème a créé le pire. Selon son témoignage, elle a vu sur les réseaux sociaux des vidéos d’influenceurs affirmant que trois plantes médicinales peuvent prévenir le coronavirus.
Malheureusement, la propagation de fausses informations sur la maladie s’est avérée plus rapide que la diffusion des données fiables par les autorités et l’équipe de crise sanitaire.
En République Démocratique du Congo (RDC), comme dans bien d’autres nations africaines, l’engagement visant à garantir un accès aux informations publiques reste une ambition inassouvie. Les journalistes ont du mal à obtenir des informations et la communauté est exposée à des informations biaisées, fabriquées et non vérifiées par des groupes d’extrémistes, des acteurs politiques et des influenceurs qui ont un regard commercial sur l’information et non éthique.
Heureusement, l’essor du fact-checking sur la scène internationale offre aux journalistes un autre moyen de remplir leur devoir civique envers la société. En effet, ces programmes permettent de servir de lien entre les dirigeants et la population, tout en aidant à éclairer l’opinion avec des faits; à veiller à l’intégrité de l’information.
Avez-vous remarqué une information qui semble douteuse sur les réseaux sociaux ?
Balobaki Check est une structure non partisane qui veut promouvoir l’exactitude de l’information dans le débat public en République démocratique du Congo afin de renforcer notre démocratie à travers des formations de journalistes, l’éducation aux médias et des contenus de qualité pour lutter contre les messages de haine et les fausses informations (Fakenews) au sein des communautés.
Le taux d’analphabétisation, encore élevé sur le continent, expose les communautés qui n’ont pas suffisamment développé l’esprit critique à la tentation de relayer une information avant de l’avoir vérifiée. Cependant, il y a des progrès significatifs. Selon le dernier Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2023 de l’UNESCO, la population non scolarisée en Afrique subsaharienne aux niveaux primaire et secondaire a chuté de 44 % en 2000 à 29 % en 2020. Au cours de cette même période, le taux d’alphabétisation des jeunes en Afrique subsaharienne est passé de 66 % à 77,5 % et le taux d’alphabétisation des adultes de 52,6 % à 64,3 %.
Remplacer le Fact-checking par des notes de la communauté
« Nous allons nous débarrasser des fact-checkers et les remplacer par des notes de la communauté, en commençant par les Etats-Unis », a déclaré le patron du groupe dans un message sur les réseaux sociaux. Le patron de Facebook estime que « les fact-checkers ont été trop orientés politiquement et ont plus contribué à réduire la confiance qu’ils ne l’ont améliorée, en particulier aux États-Unis ».
Cet argument est « faux » et va entraîner « un préjudice dans de nombreux endroits », a estimé jeudi 9 janvier 2025 le Réseau international de fact-checking IFCN (International Fact-Checking Network). Meta France a affirmé qu’il ne sera déployé qu’aux Etats-Unis, selon la ministre française déléguée à l’intelligence artificielle et au numérique qui a tweeté à ce sujet.
Epris d’intégrité, les organisations de Fact-checking travaillent au quotidien à l’amélioration des productions pour suivre les codes et principes du réseau international de vérification des faits, une section de l’Institut Poynter qui a pour mission de rassembler les vérificateurs de faits du monde entier. Nous travaillons pour adhérer à leurs principes fondamentaux de fonctionnement à savoir l’engagement pour l’impartialité, la transparence et l’exactitude.
- Engagement pour l’impartialité et l’équité
- Engagement en faveur des normes et de la transparence des sources
- Engagement pour la transparence du financement et de l’organisation
- Engagement en faveur des normes et de la transparence de la méthodologie
- Engagement pour des corrections ouvertes et honnête
Ecrit par : Ange Kasongo, journaliste et auteur du livre » La démocratie congolaise à l’ère des réseaux sociaux, des Fakenews et de la manipulation ». Fondatrice de Balobaki Check.
Lire la version anglaise :
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