La vidéo qui prétend montrer de cercueils à Kinshasa provient en réalité de Goma en 2023 

En 2 lignes

La vidéo prétendant montrer des bandits exécutés à Kinshasa est trompeuse. Elle vient de Goma, dans l’est de la RDC, et n’a rien à voir avec la lutte contre le crime.

12/20/2024

En bref

Sur des plateformes comme Tiktok, YouTube et Whatsapp, des internautes congolais ont partagé une vidéo d’environ 34 secondes prétendant montrer des cercueils des bandits urbains, communément appelés « Kuluna ». Après vérification, il s’avère que cette vidéo date de 2023 et provient de Goma, une ville située à l’Est de la RDC. En réalité, elle documente l’exposition des cercueils de membres d’un groupe mystico-religieux dénommé Foi Naturelle Judaîque Messianique vers les Nations (FNJMN). Ces personnes ont été victimes d’un incident tragique lorsque les victimes se préparaient pour une manifestation contre la MONUSCO le 30 août 2023.

Initialement publiée sur le réseau social TikTok par un utilisateur nommé jacksonMalengo28,  la vidéo atteint près de 5,1 million de vues jusqu’au 18 décembre 2024. Elle a également été reprise dans une émission de 33 minutes et 55 secondes le 12 décembre 2024, sur une chaîne YouTube, qui a enregistré près de 11 000 vues, 214 j’aime, 73 commentaires en quelques jours.

Depuis début décembre, les ministres congolais de la Justice et de l’Intérieur ont lancé les opérations “Zéro Kuluna” et “Ndobo” pour lutter contre le banditisme urbain à Kinshasa. Plusieurs bandits urbains ont été arrêtés durant ces opérations. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a évoqué la possibilité de condamnations à peine de mort pour tous les bandits qui seront arrêtés, mais à ce jour, aucune exécution n’a été réalisée dans le cadre de ces opérations. 

Citation :

« premier lot de Kuluna qui vient d’être exécuté en RDC »

Capture d’écran prise à 19h par BalobakiCheck le 13 décembre 2024 ©Tiktok

 

Les faits

Nous avons douté de cette affirmation vu qu’aucune exécution des Kuluna n’a été confirmée depuis le début de la campagne Zéro Kuluna ( Zéro bandit urbain ) Le doute a aussi été alimenté par le fait que la dernière exécution en RDC remonte à 2003, 15 personnes poursuivies pour « atteinte à la sûreté de l’État » avaient subi la décision.

Aucune information officielle n’a été donnée et les  médias locaux comme ici, ici et n’ont rapporté aucun fait corroborant les allégations d’exécutions récentes

La vidéo qui fait l’objet de notre recherche contient des sons de pleurs et une voix en Kiswahili, langue parlée dans l’Est de la RDC, renforçant l’idée qu’elle est liée à l’incident de Goma.

Des recherches sur des mots clés tels que : “ Inhumation-victime-carnage-Goma” ont conduit à des publications (1,2) qui contiennent les séquences de la vidéo qui fait l’objet de notre recherche. Dans ce journal de France 24 posté sur sa chaîne YouTube, nous avons trouvé également des images  similaires à celles que nous examinons. 

Selon une enquête d’Amnesty International, au moins 56 personnes du groupe politique et religieux Wazalendo ont été tuées et 80 blessées aux côtés de 150 autres arrêtées lors de la répression d’une manifestation à Goma, où les forces de sécurité ont été accusées d’agir avec brutalité excessive. Ces personnes manifestaient contre la passivité de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation du Congo, MONUSCO dans l’Est de la RDC qui fait face à la menace du Mouvement du 23 mars, M23 qui occupe actuellement plusieurs villages du Nord-Kivu.

« Les militaires congolais ont réprimé avec brutalité une manifestation organisée par un groupe politique et religieux à Goma, dans (…), ils ont tué au moins 56 personnes selon les chiffres officiels, en ont blessé plus de 80 et en ont arrêté plus de 150. Ce groupe du nom de foi naturelle judaïque messianique vers les nations – testament de la puissance de la parole (FNJMN), dont les adeptes se désignent eux-mêmes par le terme Wazalendo ou Messiatha, réclamait le départ de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Au lendemain du massacre, les autorités ont minimisé le nombre de morts et rejeté la faute sur les victimes, qu’elles ont décrites comme des bandits armés, drogués, manipulés, à la solde du M23/RDF », lit-on dans cette synthèse de son rapport.. 

En conclusion, l’affirmation selon laquelle le « premier lot de Kuluna qui vient d’être exécuté en RDC » est fausse. Les résultats de notre recherche montrent que la vidéo partagée sur les réseaux sociaux a été prise à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. C’était lors de l’exposition des corps des victimes d’un carnage survenu lorsque les manifestants se préparaient une manifestation anti-MONUSCO.

Cet article de vérification de faits a été rédigé par l’équipe BALOBAKI CHECK 

Écrit par Glodi Mirembe  Relecture : Moïse Esapa, Samuel Ndolo Édité par Ange Kasongo

Nos sources  – Vous aussi, vous pouvez vérifier comme nous

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