Aucune preuve ne soutient l’allégation selon laquelle « la France a interrompu l’enquête de l’ONU sur les crimes dans l’est du Congo »

En 2 lignes

Aucune information officielle confirme l'implication de la France dans l’arrêt de l’enquête de l’ONU sur les crimes dans l’est de la RDC.

07/07/2025

En bref

Des publications partagées sur les réseaux sociaux en République démocratique du Congo (RDC) affirment que la France est au côté du Rwanda dans le conflit qui l’oppose à la RDC. Certains internautes ont même confirmé que Paris aurait empêché une mission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits humains dans l’Est du pays. Une affirmation qui n’est pas prouvée. En fait, l’interruption de cette mission est causée principalement par l’arrêt du financement américain.

Depuis la résurgence du conflit entre l’armée congolaise et la coalition rebelle AFC/M23 soutenue par le Rwanda selon l’ONU, dans la partie orientale de la République démocratique du Congo. Plusieurs acteurs politiques et civils en RDC, s’en prennent régulièrement aux chancelleries occidentales et entretiennent la suspicion envers certains pays qu’ils jugent ne pas faire assez et ou soutiennent l’ennemi. 

Parmi les pays régulièrement visés par ce bashing, figure la France en tête,  que certains accusent de prendre partie pour le Rwanda dans cette crise, au détriment de la RDC. 

Le dernier exemple en date, c’est cette déclaration d’un internaute recueilli sur le réseau social X . Publiée le 1 juillet 2025, cette déclaration (archivée ici) a atteint plus de 16 000 personnes jusqu’au 3 juillet. Et comme contexte, elle intervient au moment où l’ONU a annoncé l’interruption d’une mission d’enquête sur les crimes commis dans l’Est de la RDC, faute de financement.

Citation 

 » tant que Macron continuera à faire obstacle à la justice internationale concernant la guerre dans l’Est de la RDC, nous ne le lâcherons pas ». 

Capture d’écran prise sur X, par Balobaki le 3 juin 2025 à 6h28’ de Kinshasa

Capture d’écran prise sur X, par Balobaki le 3 juin 2025 à 6h28’ de Kinshasa

Les faits 

 La reprise du conflit dans l’Est de la RDC, a régulièrement suscité plusieurs analyses et commentaires allant dans tous les sens, et notamment contre la France que beaucoup juge avoir été du côté du Rwanda, comme ici, ici et ici. Même après la signature de l’accord de paix entre Kinshasa et Kigali sous l’égide des USA. Certains, parfois au-delà des frontières congolaises, continuent de reprocher à la France de n’avoir pris aucune initiative en faveur de la résolution de cette crise. Bien que très répandue, ce point de vue n’est pourtant pas tout à fait exact. 

Depuis  le début de la crise, la France n’a cessé de condamner l’offensive du M23 et le soutien du Rwanda à ce mouvement armé. Comme on peut le lire dans cet article publié sur le site du sénat français. A l’ONU, alors que la situation s’enlisait, c’est à l’initiative de la France que la résolution 2773 du 21 février 2025 a été adoptée à l’unanimité au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette résolution appelait les parties en conflit  à signer urgemment un cessez-le-feu effectif et inconditionnel sur terrain. 

Lire cet : article publié sur le site du sénat français. 

Lire : la résolution 2773 du 21 février 2025 a été adoptée à l’unanimité au Conseil de sécurité de l’ONU à l’initiative de la France. 

Au niveau régional, l’implication de la France dans la recherche d’une solution à la crise dans l’Est de la RDC, n’a pas non plus été faible. À plusieurs reprises, Paris a réitéré son soutien au processus de médiation de Luanda et celui de Nairobi, et a dénoncé toute attaque contre les casques bleus de la mission des Nations unies en RDC (MONUSCO). Insistant que l’issue à ce conflit n’était pas militaire. La position de la France est restée inchangée jusqu’au bout, et la signature récente d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington n’a fait que la conforter. Tout en saluant cet accord, Paris a appelé chaque partie à faire des efforts concrets pour que la situation avance rapidement sur terrain et que les hostilités prennent totalement fin.

Lire :

L’extrait de la vidéo qui prétend montrer Emmanuel Macron suivre une manifestation contre l’agression rwandaise en RDC est truqué 

De nombreuses actions ont été menées pour tant soit peu répondre à quelques urgences humanitaires sur le terrain. La mobilisation d’une aide de 3 millions d’euros à la RDC, pour répondre aux besoins urgents des populations les vulnérables, n’est qu’une illustration parmi tant d’autres.

Quant à la suspension de la mission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits humains dans l’est de la RDC, si la décision est bien réelle, elle résulte avant tout d’une crise budgétaire majeure frappant le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, aggravée par l’arrêt des contributions des États-Unis. Aucune preuve ne vient étayer l’implication de la France dans cette décision, contrairement à ce que certains discours laissent entendre. 

En conclusion, les allégations selon lesquelles la France aurait bloqué les initiatives onusiennes visant à enquêter sur les violations des droits humains dans l’est de la RDC ne reposent sur aucune preuve tangible. L’interruption de la dernière mission d’enquête de l’ONU est avant tout liée à un manque de financements, dû notamment à l’arrêt des contributions des États-Unis. Aucun lien direct n’a été établi avec la France. Et contrairement aux affirmations, Paris n’a jamais pris parti pour un quelconque acteur dans ce conflit, et a toujours soutenu les efforts diplomatiques et humanitaires visant à favoriser la désescalade. Il est donc essentiel de distinguer les faits établis des interprétations biaisées, afin de ne pas alimenter des récits infondés.

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Écrit par Dhino Kazadi; Relecture : Moïse Esapa 

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