Les propos attribués au porte-parole du gouvernement sur l’extermination des Tutsis en RDC sont infondés, selon son cabinet

En 2 lignes

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, n’a pas incité la population du Sud-Kivu à perpétrer un génocide contre la communauté tutsie présente en RDC. Il n y a aucun matériel public démontrant cela.

02/11/2025

En bref

Un utilisateur de la plateforme X a publié une musique avec une photo de Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement de la RDC, le 6 février 2025. Il affirme que Muyaya a incité les habitants du Sud-Kivu à attaquer violemment les Tutsis congolais et rwandais. Cette information, qui prétend être une déclaration du porte-parole du gouvernement congolais, est fausse. La voix ne correspond pas, selon nos recherches. Et le cabinet du ministre a démenti cette information.

Depuis le 26 janvier 2025, les rebelles du M23 appuyés par le Rwanda, occupent la ville de Goma, au Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Les affrontements entre l’armée congolaise et le M23 soutenus par l’armée rwandaise ont causé près de 3 000 morts et 29000 blessés d’après l’organisation des nations unies. 

La  publication (archivée ici) que nous vérifions a été mise en ligne le 6 février 2025, par un compte X dénommé Mamy Kazadi qui compte 2.528 abonnés. Jusqu’au 11 février 2025, elle a touché 42.300 personnes.

Citation 

«🚨Alerte Alerte @PatrickMuyaya appelle la population du sud kivu surtout ceux de Bukavu à massacrer et  faire le genocide contre les tutis congolais,les rwandais qui y vivent…», écrit l’auteur de la publication audio. 

Voici une traduction française du message audio, qui est initialement en swahili, l’une des quatre langues officielles de la République démocratique du Congo.

« Peuple congolais, bonjour bonsoir, vous allez bien ? Pour ma part, ça roule. Je vais partager mes réflexions, et j’encourage chacun de vous à faire de même dans toutes les sphères de discussion. J’ai longuement réfléchi sur la situation actuelle, et voici mon point de vue. Mes frères, il faut procéder au génocide des Tutsis qui se trouvent parmi nous. Quelques-uns d’entre eux sont à la frontière, d’autres sont à Nguba. Nous savons où ils sont. Si nous les massacrons tous, l’opinion internationale va réagir, et nous leur dirons remettez chacun dans son pays. Le rwandais, Tutsi, rentre chez lui parce qu’il n’y aura plus de Munyamulenge, pas de Byura et les autres, massacrons seulement. Chère jeunesse, que celui qui va trouver la machette la récupère, la hanche, l’arme à feu, tout, même le stick de bois. Tu rencontres un Tutsi, tue-le. Toute personne ayant une morphologie avec un gros nez commet un génocide. Réveillons-nous et battons-nous, et commençons à tuer ces gens-là. C’est dans la province du Sud-Kivu, où il y a un grand nombre de ces gens, les Rwandais, massacrons-les. Chers frères, faisons un génocide pendant 6 mois ou une année », raconte l’auteur de la vidéo.

©Ph Capture d’écran prise par BalobakiCheck, le 07 février 2025, à 07h37’ de Kinshasa

©Ph Capture d’écran prise par BalobakiCheck, le 07 février 2025, à 07h37’ de Kinshasa

Au cours du Sommet conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC)  tenu à Dar-es-Salaam en Tanzanie le 8 février 2024, il a été ordonné que des modalités de retrait des forces armées étrangères non invitées, mais présentes sur le territoire de la RDC soient élaborées et mises en œuvre. Il a été ordonné aussi la reprise des négociations directes et du dialogue avec toutes les parties étatiques et non étatiques, y compris le M23, dans le cadre du processus de Luanda et de Nairobi.

Si le sommet après deux jours de travaux sur la situation préoccupante dans l’Est de la RDC caractérisée par l’avancée du M23-AFC a appelé à la cessation des hostilités, il a aussi recommandé l’ouverture dans l’urgence de l’aéroport de Goma, et d’autres routes principales. Cela dans l’objectif d’ouvrir un couloir aux humanitaires, afin qu’ils acheminent de l’aide à la population vers l’intérieur de la province.

Les faits 

Nous avons eu des réserves quant à l’authenticité de cet article. Tout d’abord, nous avons comparé la voix dans l’enregistrement que nous vérifions à celle du porte-parole du gouvernement congolais dans ses nombreuses apparitions médiatiques, comme sur cette vidéo.

En analysant la voix utilisée, il est clair qu’elle est loin d’être celle de Patrick Muyaya. La tonalité et la vitesse utilisées dans l’articulation des mots dans cet audio que nous examinons ne correspondent pas du tout à la voix du ministre de la Communication. 

Nous avons vérifié les comptes  réseaux sociaux X et Facebook de Patrick Muyaya pour voir s’il y a une probable publication en rapport avec cette affirmation. Cependant, nous n’avons rien trouvé.

Pour boucler nos recherches, nous avons contacté le ministère de la communication et médias le mardi 11 février. D’après le service de Communication du ministère, cette affirmation attribuée au porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya est fausse.  « Il n’a jamais dit cela, cette affirmation est fausse  et infondée », a écrit le cabinet du ministre Muyaya à Balobaki Check. 

Que retenir de la communauté Tutsie en RDC ?

Les Tutsi Congolais font partie d’une communauté hétérogène appelée Banyarwanda qui comprend également les Hutu Congolais et les Banyamulenge. Ils sont aussi identifiés comme rwandophones, locuteurs du kinyarwanda. Les Banyamulenge sont quant à eux principalement présents au Sud-Kivu et sont aussi des Tutsi

En conclusion : l’affirmation selon laquelle « PatrickMuyaya appelle la population du sud-kivu surtout ceux de Bukavu à massacrer et  faire le genocide contre les tutsis congolais,les rwandais qui y vivent…»  est fausse. 

 

Avez-vous remarqué une information qui semble douteuse sur les réseaux sociaux ?

Si votre réponse est affirmative, sachez qu’il est possible de le signaler à Balobaki Check en nous envoyant un mail : balobakicheck@gmail.com

Balobaki Check est une structure non partisane qui veut promouvoir l’exactitude de l’information dans le débat public en République démocratique du Congo afin de renforcer notre démocratie à travers des formations de journalistes, l’éducation aux médias et des contenus de qualité pour lutter contre les messages de haine et les fausses informations (Fakenews) au sein des communautés

Cet article de vérification des faits est rédigé par l’équipe de Balobaki check en période de guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Pour assurer la sécurité de nos journalistes, les articles liés à la situation sécuritaire seront signés par la rédaction.

Nos sources pour ce Fact-check – Vous aussi, vous pouvez vérifier comme nous !

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